SAINTE JEANNE-ANTIDE THOURET
(1765-1826)
Jeanne-Antide Thouret naquit le 27 novembre 1765, à Sancey-le-long,
en Franche-Comté, au sein d'une famille très chrétienne composée de
neuf enfants ; ses parents exerçaient le métier d'agriculteurs.
Quand Jeanne a quinze ans, sa mère meurt: Jeanne-Antide sera
désormais l'éducatrice de ses frères et soeurs et la ménagère dévouée
qui entretiendra la maison. Bien que la famille vive dans une réelle
pauvreté, la charitable jeune fille trouve le moyen de ne jamais
refuser l'aumône.
Elle a environ dix-sept ans lorsque son père lui annonce qu'un
riche jeune homme l'a demandée en mariage. Sans hésiter, Jeanne répond
à son père qu'elle refuserait la main d'un roi. Après cinq longues
années d'attente, elle réussit enfin à vaincre les obstacles qui
s'opposent à sa vocation religieuse.
Accueillie à la maison mère des Filles de la Charité le jour de la
Toussaint 1787, elle est reçue le lendemain par la supérieure générale,
la vénérable Mère Dubois. Le onzième mois de son séminaire, elle revêt
l'habit des Filles de la Charité et on l'envoie travailler
successivement à l'hôpital de Langres, puis à Paris où elle prodigue
ses soins maternels aux incurables de l'hospice.
La Révolution était déjà amorcée. Comme la plupart de ses
compagnes, tout en restant au service des malades, Soeur Thouret refuse
de reconnaître le clergé schismatique. En novembre 1793, elle doit
quitter Paris pour regagner son pays natal à pied, en mendiant. Sa
charité qui se fait la providence des malades et des pauvres, la sauve
plus d'une fois de la fureur des révolutionnaires. Durant les jours de
la Terreur, sainte Jeanne-Antide Thouret se réfugie en Suisse.
Aussitôt qu'elle peut rentrer en France, elle ouvre une école à
Besançon. Son établissement connait le succès dès le premier jour. Au
cours de la même année elle organise trois autres écoles dans la même
ville. Ouvrière infatigable, elle dirige un dispensaire et distribue
une soupe populaire. Le préfet lui confie bientôt une maison de
détention.
Sainte Jeanne-Antide Thouret donna à ses collaboratrices les Règles
et le nom de : Soeurs de la Charité de Saint Vincent de Paul. Ce titre
devait engendrer tôt ou tard des confusions et des conflits, aussi les
filles de Monsieur Vincent en réclamèrent-elles un autre. Le cardinal
Fesch décida que les nouvelles religieuses s'appelleraient : Soeurs de
la Charité de Besançon. Cette communauté connut tout de suite une
rapide expansion. En 1810, la mère de Napoléon Bonaparte leur ouvrit le
royaume de Naples et Murat leur abandonnait l'énorme couvent hôpital de
Regina Coeli. Mère Thouret alla y installer ses compagnes et ouvrit
cent trente maisons en l'espace de dix ans.
Sans le sceau divin de la souffrance, il aurait manqué quelque
chose à la sainteté de la fondatrice. Profitant de son long séjour en
Italie, la Sainte fit approuver son institut par le Saint-Siège, sous
le nom de : Filles de la Charité sous la protection de Saint Vincent de
Paul. Ce changement de nom et les modifications introduites dans les
constitutions en dehors de toute entente avec le nouvel archevêque de
Besançon qui lui était hostile, furent cause d'une scission entre les
communautés de France et celles d'Italie.
En effet, celles de France entendirent rester fidèles aux premières
constitutions et se déclarèrent autonomes sous la supériorité de
l'Ordinaire du lieu. Sainte Jeanne-Antide Thouret passa deux années
dans sa patrie pour tâcher de réunir les deux obédiences de Besançon et
de Naples. Non seulement elle n'y parvint aucunement, mais elle eut la
douleur de rentrer à Naples, après s'être vue refuser l'entrée de la
maison mère de Besançon.
Dieu rappela à Lui sa digne servante le 24 août 1826. Cent ans
après sa mort, on ramenait ses restes d'Italie dans le couvent de
Besançon. Ses filles firent acte de solennelle réparation en chantant
le Miserere de toute leur âme. Le 23 mai 1926, le pape déclarait
Jeanne-Antide Thouret bienheureuse et le 14 janvier 1934, l'Église
l'élevait sur les autels.