SAINT MARCEL
Pape et martyr
(+ 310)
Romain
d'origine, Marcel fut choisi le 21 mai 308, pour succéder à saint
Marcellin, martyrisé deux mois auparavant. (Il siégea sous le règne de
Maxence, cinq ans, six mois et vingt-et-un jours.)
Devenu
Pape, saint Marcel n'oublia point les exemples de vertus et de courage
de son prédécesseur. Il obtint d'une pieuse matrone nommée Priscille,
un endroit favorable pour y rétablir les catacombes nouvelles, et pour
pouvoir y célébrer les divins mystères à l'abri des profanations des
païens. Les vingt-cinq titres de la ville de Rome furent érigés en
autant de paroisses distinctes, afin que les secours de la religion
fussent plus facilement distribués aux fidèles. A la faveur d'une trève
dans la persécution, Marcel s'efforça de rétablir la discipline que les
troubles précédents avaient altérée. Sa juste sévérité pour les
chrétiens qui avaient apostasié durant la persécution lui attira
beaucoup de difficultés.
L'Église subissait alors la
plus violente des dix persécutions. Dioclétien venait d'abdiquer en
305, après avoir divisé ses États en quatre parties, dont chacune avait
à sa tête un César. Maxence, devenu César de Rome en 306, ne pouvait
épargner le chef de l'Église universelle. L'activité du Saint Pontife
pour la réorganisation du culte sacré au milieu de la persécution qui
partout faisait rage, était aux yeux du cruel persécuteur, un grief de
plus.
Maxence le fit arrêter par ses soldats et
comparaître à son tribunal, où il lui ordonna de renoncer à sa charge
et de sacrifier aux idoles. Mais ce fut en vain: saint Marcel répondit
hardiment qu'il ne pouvait désister un poste où Dieu Lui-même l'avait
placé et que la foi lui était plus chère que la vie. Le tyran, exaspéré
par la résistance du Saint à ses promesses comme à ses menaces, le fit
flageller cruellement. Il ne le condamna point pourtant à la mort; pour
humilier davantage l'Église et les fidèles, il l'astreignit à servir
comme esclave dans les écuries impériales.
Le Pontife
passa de longs jours dans cette dure captivité, ne cessant dans la
prière et le jeûne, d'implorer la miséricorde du Seigneur. Après neuf
mois de détention, les clercs de Rome qui avaient négocié secrètement
son rachat avec les officiers subalternes, vinrent pendant la nuit et
le délivrèrent. Une pieuse chrétienne nommée Lucine donna asile au
Pontife. Sa maison devint dès lors un titre paroissial de Rome, sous le
nom de Marcel, où les fidèles se réunissaient en secret.
Maxence
en fut informé, fit de nouveau arrêter Marcel, et le condamna une
seconde fois à servir comme palefrenier dans un haras établi sur
l'emplacement même de l'église. Saint Marcel, Pape, mourut au milieu de
ces vils animaux, à peine vêtu. La bienheureuse Lucine l'ensevelit dans
la catacombe de Priscille, sur la voie Salaria. Les reliques de ce
Souverain Pontife reposent dans l'ancienne église de son nom, illustrée
par son martyre. Il fut le dernier des Papes persécutés par le
paganisme, en ce temps.