SAINTE AGNÈS
Vierge et Martyre
(304)
La
fête de ce jour nous rappelle un des plus touchants et des plus beaux
triomphes de la foi chrétienne; elle nous montre une faible enfant
sacrifiant, pour l'amour de Jésus-Christ, tout ce que le monde a de
plus séduisant: noblesse, fortune, jeunesse, beauté, plaisirs, honneurs.
Agnès,
enfant de l'une des plus nobles familles de Rome, se consacra au
Seigneur dès l'âge de dix ans. Elle avait à peine treize ans quand un
jeune homme païen, fils du préfet de Rome, la demanda en mariage; mais
Agnès lui fit cette belle réponse: "Depuis longtemps je suis fiancée à
un Époux céleste et invisible; mon coeur est tout à Lui, je Lui serai
fidèle jusqu'à la mort. En L'aimant, je suis chaste; en L'approchant,
je suis pure; en Le possédant, je suis vierge. Celui à qui je suis
fiancée, c'est le Christ que servent les Anges, le Christ dont la
beauté fait pâlir l'éclat des astres. C'est à Lui, à Lui seul, que je
garde ma foi."
Peu après, la noble enfant est traduite
comme chrétienne devant le préfet de Rome, dont elle avait rebuté le
fils; elle persévère dans son refus, disant: "Je n'aurai jamais d'autre
Époux que Jésus-Christ." Le tyran veut la contraindre d'offrir de
l'encens aux idoles, mais sa main ne se lève que pour faire le signe de
la Croix.
Supplice affreux pour elle: on la renferme
dans une maison de débauche. "Je ne crains rien, dit-elle; mon Époux,
Jésus-Christ, saura garder mon corps et mon âme." Et voici, ô miracle,
que ses cheveux, croissant soudain, servent de vêtement à son corps
virginal, une lumière éclatante l'environne, et un ange est à ses
côtés. Le seul fils du préfet ose s'approcher d'elle, mais il tombe
foudroyé à ses pieds. Agnès lui rend la vie, et nouveau prodige, le
jeune homme, changé par la grâce, se déclare chrétien.
Agnès
est jetée sur un bûcher ardent, mais les flammes la respectent et
forment comme une tente autour d'elle et au-dessus de sa tête. Pour en
finir, le juge la condamne à avoir la tête tranchée. Le bourreau
tremble; Agnès l'encourage: "Frappez, dit-elle, frappez sans crainte,
pour me rendre plus tôt à Celui que j'aime; détruisez ce corps qui,
malgré moi, a plu à des yeux mortels." Le bourreau frappe enfin, et
l'âme d'Agnès s'envole au Ciel.