SAINT VINCENT
Diacre et Martyr
(304)
Saint
Vincent, l'un des plus illustres martyrs de Jésus-Christ, naquit à
Saragosse, en Espagne. Son éducation fut toute chrétienne, et il fit de
rapides progrès dans la connaissance des saintes Lettres.
Il
était diacre, quand Dacien, gouverneur d'Espagne, l'un des plus cruels
persécuteurs qu'ait jamais eus l'Église, en fit une des premières
victimes de sa fureur. Rien n'est plus beau que le récit de son
interrogatoire: "Ta naissance, Vincent, dit le juge, et ta brillante
jeunesse excitent toute ma sympathie; renonce à ta religion et choisis
entre les honneurs ou les tourments. -- Tu as pris trop de peine,
répond le martyr, pour me faire apostasier; je resterai chrétien et
saurai mourir joyeusement pour la vérité. Les souffrances me vaudront
la couronne des élus."
Comme prélude de son supplice,
Vincent est étendu sur un chevalet, et, sous l'action des cordes et des
roues, ses nerfs se rompent et ses membres se brisent: "Eh bien!
Dis-moi maintenant quelle est ta foi? Reprend le féroce Dacien. -- Tu
combles aujourd'hui mes voeux, dit le martyr, laisse libre cours à ta
rage, tes fureurs me conduisent à la gloire."
Le tyran
s'irrite contre les bourreaux, trop timides dans leur besogne, et le
supplice recommence plus horrible encore, à coups d'ongles de fer.
Vincent sourit dans les tortures: "Vos idoles, dit-il, sont de bois et
de pierre; servez, si vous voulez, ces vains fantômes; pour moi, je ne
sacrifie qu'au Dieu vivant qui est béni dans tous les siècles." Dacien
lui-même est touché de l'affreux état où il a mis sa victime: "Aie
pitié de toi, Vincent, ne méprise pas ainsi la jeunesse dans sa fleur,
épargne-toi de plus terribles châtiments."
Mais le
saint diacre ne cède pas plus aux flatteries qu'aux menaces: "Langue de
vipère, dit-il, je crains plus ton poison que tes tourments. J'ai pour
me soutenir la parole de mon Sauveur, qui m'a dit: "Ne craignez point
ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent rien sur l'âme." Alors on
prépare un vaste gril de fer dont les barres sont autant de scies aux
pointes aiguës; on le place sur un brasier ardent et on y jette le
martyr, qui bénit Dieu dans son affreux supplice.
Vainqueur
du tyran, Vincent est retourné dans son cachot et soumis à de nouvelles
tortures. Au milieu de la nuit, les anges viennent le consoler. Vincent
rendit peu après le dernier soupir; il avait vingt-deux ans. Saint
Augustin a dit de lui: "Enivré du vin qui rend fort et chaste, Vincent
triompha des tyrans qui voulaient ruiner le règne de Jésus-Christ."