SAINT BRUNO
Fondateur de l'Ordre des Chartreux
(1035-1101)
«
A la louange de la gloire de Dieu, Le Christ, Verbe du Père, depuis
toujours a choisi par l'Esprit Saint des hommes pour les mener en
solitude et se les unir dans un amour intime. Répondant à cet appel,
maître Bruno, l'an du Seigneur 1084, entra avec six compagnons au
désert de Chartreuse et s'y établit. »
Statuts I.1 de l'ordre des Chartreux.
Né
en Cologne vers 1030 Bruno vient de bonne heure étudier à l'école
cathédrale de Reims. Promu docteur, Chanoine du Chapitre cathédral, il
est nommé en 1056 écolâtre, c'est-à-dire Recteur de l'Université. Il
fut un des maîtres les plus remarquables de son temps: « ...un homme
prudent, à la parole profonde. »
Il se trouve de moins
en moins à l'aise dans une cité où les motifs de scandale ne font pas
défaut du côté du haut clergé et de l'Evêque lui-même. Après avoir
lutté, non sans succès, contre ces désordres, Bruno ressent le désir
d'une vie plus totalement donnée à Dieu seul.
Après un
essai de vie solitaire de courte durée, il vient dans la région de
Grenoble, dont l'évêque, le futur Saint Hugues, lui offre un lieu
solitaire dans les montagnes de son diocèse. Au mois de juin 1084
l'évêque lui-même conduit Bruno et ses six compagnons dans la vallée
sauvage de Chartreuse qui donnera à l'Ordre son nom. Ils y installent
leur ermitage, formé de quelques cabanes en bois s'ouvrant sur une
galerie qui permet d'accéder sans trop souffrir des intempéries aux
lieux de réunion communautaire: l'église, le réfectoire, la salle du
chapitre.
Après six ans de paisible vie solitaire,
Bruno fut appelé par le pape Urbain II au service du Siège apostolique.
Ne pensant pas pouvoir continuer sans lui sa communauté pensa d'abord
se séparer, mais elle se laissa finalement convaincre de continuer la
vie à laquelle il l'avait formée. Conseiller du pape, Bruno ne se sent
pas à l'aise à la cour pontificale. Il ne demeure que quelques mois à
Rome. Avec l'accord du pape il établit un nouvel ermitage dans les
forêts de Calabre dans le sud de l'Italie, avec quelques nouveaux
compagnons. C'est là qu'il meurt le 6 octobre 1101. À l'approche de sa
dernière heure, pendant que ses frères désolés entouraient son lit de
planches couvert de cendres, Bruno parla du bonheur de la vie
monastique, fit sa confession générale, demanda humblement la Sainte
Eucharistie, et s'endormit paisiblement dans le Seigneur.
Un témoignage de ses frères de Calabre :
«
Bruno mérite d'être loué en bien des choses, mais en cela surtout: il
fut un homme d'humeur toujours égale, c'etait là sa spécialité. Il
avait toujours le visage gai, la parole modeste; il montrait avec
l'autorité d'un père la tendresse d'une mère. Nul ne l'a trouvé trop
fier, mais doux comme l'agneau.»
Quelques extraits des "Statuts" de l'ordre :
"Séparés
de tous, nous sommes unis à tous car c'est au nom de tous que nous nous
tenons en présence du Dieu vivant." Statuts 34.2
"Notre
application principale et notre vocation sont de vaquer au silence et à
la solitude de la cellule. Elle est la terre sainte, le lieu où Dieu et
son serviteur entretiennent de fréquents colloques, comme il se fait
entre amis. Là, souvent l'âme s'unit au Verbe de Dieu, l'épouse à
l'Epoux, la terre au ciel, l'humain au divin". (Statuts 4.1)
"La
grâce du Saint Esprit rassemble les solitaires pour en faire une
communion dans l'amour, à l'image de L'Eglise, une et répandue en tout
lieu." Statuts 21.1
"Qui persévère sans défaillance dans
la cellule et se laisse enseigner par elle tend à faire de toute son
existence une seule prière continuelle. Mais il ne peut entrer dans ce
repos sans passer par l'épreuve d'un rude combat: ce sont les
austérités auxquelles il s'applique comme un familier de la Croix, ou
les visites du Seigneur, venu l'éprouver comme l'or dans le feu. ainsi,
purifié par la patience, nourri et fortifié par la méditation assidue
de l'Ecriture, introduit par la grâce du Saint Esprit dans les
profondeurs de son cur, il pourra désormais, non seulement servir
Dieu, mais adhérer à lui". (Statuts 3.2)