SAINT AUGUSTIN de CANTORBÉRY
Moine bénédictin et archevêque de Cantorbéry
(+ 605)
Aux Ve et VIe siècles, l'île de la Grande-Bretagne évangélisée dès
les premiers siècles du christianisme, était retombée dans le paganisme
à la suite de l'invasion des Saxons. Le jeune roi de ce temps,
Ethelbert, épousa Berthe, princesse chrétienne, fille de Caribert Ier,
roi de Paris et petit-fils de Clovis.
Berthe consentit à ce mariage à la condition d'avoir sa chapelle et
de pouvoir observer librement les préceptes et les pratiques de sa foi
avec l'aide et l'appui d'un évêque gallo-franc. L'âme du roi de Kent
subissait la salutaire influence de sa pieuse épouse qui le préparait
sans le savoir à recevoir le don de la foi. Le pape Grégoire le Grand
jugea le moment opportun pour tenter l'évangélisation de l'Angleterre
qu'il souhaitait depuis longtemps. Pour réaliser cet important projet,
le souverain pontife choisit le moine Augustin alors prieur du
monastère de St-André à Rome.
On ne sait absolument rien de la vie de saint Augustin de
Cantorbéry avant le jour solennel du printemps 596, où pour obéir aux
ordres du pape saint Grégoire le Grand qui avait été son abbé dans le
passé, il dut s'arracher à la vie paisible de son abbaye avec quarante
de ses moines pour devenir missionnaire.
A Lérins, première étape des moines missionnaires, ce qu'on leur
rapporta de la cruauté des Saxons effraya tellement les compagnons
d'Augustin, qu'ils le prièrent de solliciter leur rappel du pape.
Augustin dut retourner à Rome pour supplier saint Grégoire de dispenser
ses moines d'un voyage si pénible, si périlleux et si inutile. Le
souverain pontife renvoya Augustin avec une lettre où il prescrivait
aux missionnaires de reconnaître désormais le prieur de St-André pour
leur abbé et de lui obéir en tout. Il leur recommanda surtout de ne pas
se laisser terrifier par tous les racontars et les encouragea à
souffrir généreusement pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.
Ainsi stimulés, les religieux reprirent courage, se remirent en route
et débarquèrent sur la plage méridionale de la Grande-Bretagne.
Le roi Ethelbert n'autorisa pas les moines romains à venir le
rencontrer dans la cité de Cantorbéry qui lui servait de résidence,
mais au bout de quelques jours, il s'en alla lui-même visiter les
nouveaux venus. Au bruit de son approche, les missionnaires, avec saint
Augustin à leur tête, s'avancèrent processionnellement au-devant du
roi, en chantant des litanies. Ethelbert n'abandonna pas tout de suite
les croyances de ses ancêtres. Cependant, il établit libéralement les
missionnaires à Cantorbéry, capitale de son royaume, leur assignant une
demeure qui s'appelle encore Stable Gate: la porte de l'Hôtellerie, et
ordonna qu'on leur fournit toutes les choses nécessaires à la vie.
Vivant de la vie des Apôtres dans la primitive Eglise, saint
Augustin et ses compagnons étaient assidus à l'oraison, aux vigiles et
aux jeûnes. Ils prêchaient la parole de vie à tous ceux qu'ils
abordaient, se comportant en tout selon la sainte doctrine qu'ils
propageaient, prêts à tout souffrir et à mourir pour la vérité.
L'innocence et la simplicité de leur vie, la céleste douceur de leur
enseignement, parurent des arguments invincibles aux Saxons qui
embrassèrent le christianisme en grand nombre.
Charmé comme tant d'autres par la pureté de la vie de ces hommes,
séduit par les promesses dont plus d'un miracle attestait la vérité, le
noble et vaillant Ethelbert demanda lui aussi le baptême qu'il reçut
des mains de saint Augustin. Sa conversion amena celle d'une grande
partie de ses sujets. Comme le saint pape Grégoire le Grand lui
recommanda de le faire, le roi proscrivit le culte des idoles, renversa
leurs temples et établit de bonnes moeurs par ses exhortations, mais
encore plus par son propre exemple.
En 597, étant désormais à la tête d'une chrétienté florissante,
saint Augustin de Cantorbéry se rendit à Arles, afin d'y recevoir la
consécration épiscopale, selon le désir du pape saint Grégoire. De
retour parmi ses ouailles, à la Noël de la même année, dix mille Saxons
se présentèrent pour recevoir le baptême.
De plus en plus pénétré de respect et de dévouement pour la sainte
foi, le roi abandonna son propre palais de Cantorbéry au nouvel
archevêque. A côté de cette royale demeure, on construisit une
basilique destinée à devenir la métropole de l'Angleterre. Saint
Augustin en devint le premier archevêque et le premier abbé. En le
nommant primat d'Angleterre, le pape saint Grégoire le Grand lui envoya
douze nouveaux auxiliaires, porteurs de reliques et de vases sacrés, de
vêtements sacerdotaux, de parements d'autels et de livres destinés à
former une bibliothèque ecclésiastique.
Le souverain pontife conféra aussi au nouveau prélat le droit de
porter le pallium en célébrant la messe, pour le récompenser d'avoir
formé la nouvelle Eglise d'Angleterre par ses inlassables travaux
apostoliques. Cet honneur insigne devait passer à tous ses successeurs
sur le siège archiépiscopal d'Angleterre. Le pape lui donna également
le pouvoir d'ordonner d'autres évêques afin de constituer une
hiérarchie régulière dans ce nouveau pays catholique. Il le constitua
aussi métropolitain des douze évêchés qu'il lui ordonna d'ériger dans
l'Angleterre méridionale.
Les sept dernières années de sa vie furent employées à parcourir le
pays des Saxons de l'Ouest. Même après sa consécration archiépiscopale,
saint Augustin voyageait en véritable missionnaire, toujours à pied et
sans bagage, entremêlant les bienfaits et les prodiges à ses
prédications. Rebelles à la grâce, les Saxons de l'Ouest refusèrent
d'entendre Augustin et ses compagnons, les accablèrent d'avanies et
d'outrages et allèrent jusqu'à attenter à leur vie afin de les
éloigner.
Au début de l'an 605, deux mois après la mort de saint Grégoire le
Grand, son ami et son père, saint Augustin, fondateur de l'Eglise
anglo-saxonne, alla recueillir le fruit de ses multiples travaux. Avant
de mourir, il nomma son successeur sur le siège de Cantorbéry. Selon la
coutume de Rome, le grand missionnaire fut enterré sur le bord de la
voie publique, près du grand chemin romain qui conduisait de Cantorbéry
à la mer, dans l'église inachevée du célèbre monastère qui allait
prendre et garder son nom.